Voilà le bout de la marde. Après trois ans en prison, même pas la possibilité de retourner chez soi. Après avoir passé un nombre d’heures incalculable avec des malfamés, des tueurs, des violeurs, des passeurs de drogue, des fous, des motards, des chefs de gang de rue, des pauvres malchanceux comme moi, il était impossible de trouver le réconfort. Personne qui ne vous attend à votre sortie. Personne qui ne vous dit à quel point vous avez pu lui manquer. Personne pour vous dire ‘’allez, viens, on va aller fêter ca’’. L’air encrassait mes poumons alors qu’elle aurait du me faire sentir plus libre que jamais. Le ciel aurait du me paraître bleu, beau et grand à l’infini. Sortir aurait dû me réjouir mais voilà que je semblais entrer dans une nouvelle sorte de cauchemar. Encore un beau merdier, encore une fois faut savoir se débrouiller avec ce qu’on a et ce qu’on sait sans avoir de piste ou d’indice pour vous guider. Putain que ca fait chier.
Et comment je suis sensé savoir quoi faire moi ? Je sors de taule, mes parents ne veulent plus m’adresser la parole, j’ai pas un rond et me voila pris au milieu de la rue à attendre un taxi. C’était la triste vérité mais qu’est-ce qu’on pouvait réellement y faire ? La vie était ainsi faite et fallait se démerder comme on le pouvait. En aucun cas la laissé gagner. Toujours être dominant de la situation et de ses sentiments.
Les sentiments… ce truc trompeur sur lequel il ne fallait jamais se fier. Moins on écoutait ses émotions, plus on était fort. Les sentiments ne font qu’affaiblir les gens et erroner le jugement humain. Plus on était loin de ses sentiments, mieux on arrivait à comprendre ce que notre cerveau nous dictait et plus l’évidence entre le bien et le mal se faisait claire et net.
Le taxi arriva et je me faufilai à l’intérieur avec tout ce que je pouvais posséder d’or et n’avant. C'est-à-dire à peine un budget pour me rendre à destination, et une petite garde robe payé par mes parents comme cadeau d’adieu. À l’exception de mon linge, de ma valise et des quelques autres trucs que je pouvais posséder, il ne me restait rien. Ni foyer, ni lit, ni rien du tout. Il quittait la grande ville de New York qu’il avait longtemps connu comme tout ce qu’il y avait de plus chouette au monde… pour ce dirigé vers quoi ? Vers le Japon ! Est-ce que quelqu’un à déjà mentionné quelque chose de cool par rapport au japon ? Je veux dire, autre que les grands temples et les samouraïs ? Autre que le fait que les gens roulent à l’envers ? Non. Jamais. Il n’y a rien d’intéressant au japon. Rien à faire. Le pire du pire, c’était que la destination de mon voyage n’était même pas Tokyo… C’était dans une petite ville plus au nord. En fait, c’était même pas dans une ville. Il s’en allait dans un pensionnat !
Qui l’aurait cru ? Lui, dans un établissement privé ! Dans une école de riches et snobs petits prétentieux. Il n’avait pas vraiment envie de se retrouver là-bas coupé de tout. C’était particulièrement injuste, comme presque tout ce qui lui était arrivé dans sa vie jusqu’à date… Mais il avait arrêté de s’en faire et de maudire Dieu ou le ciel… C’était ainsi. Le tout, c’était de dealer avec ce qui allait vous tomber dessus.
Il arriva à l’aéroport, paya la note au chauffeur et s’enfonça dans le grand bâtiment à la recherche de son air d’embarquement. Il prit place dans l’avion, ses écouteurs de I-pod sur les oreilles et parti pour un vol de 12 heures vers le pays du soleil levant. ‘’it’s my life’’ de Bon Jovi roula en boucle jusqu’à ce que les piles soient mortes.
Finalement, après un somme, la lecture d’un bouquin et après avoir écouté un film bidon sur un p’tit gars nommé Harry je-sais-pu-trop-quoi qui vole sur un balais, j’entendis l’annonce du pilote nous annonçant l’atterrissage. J’étais crevé, et j’avais juste hâte d’être arrivé. Je pris un autre taxi après avoir récupéré mes bagages qui se résumait à quelques sacs de hockey.
Bref après tout ce voyagement, j’essayais seulement de calculer le nombre de secondes interminables qui me séparait de la destination. Je n’en pouvais vraiment plus d’être assied. Et comme de fait, je finis par arriver. C’était assez majestueux. Plus que je ne l’avais imaginé, mais à la hauteur de la bourgeoisie que j’avais pu estimer. Je restai toute fois incapable de faire un pas de plus vers l’établissement. Je le contemplais dans toute son élégance, mes bagages à porté de main. Le taxi retournait tranquillement d’où il était venu, derrière moi.