Désillusion

<--- Lost and found (dortoir de Ren)

Quelques jours avaient passés depuis. Aleera continuait ses activités normalement ou presque. Elle était beaucoup plus calme que d'habitude, était plus distante avec ses collèges professeurs et ne parlait que pour répondre aux questions qu'on lui posait. Elle était souvent perdue dans ses pensées, incapable de penser à autre chose qu'à Ren. Elle ne lui en voulait pas, loin de là. Elle savait qu'il avait été honnête avec elle. D'ailleurs c'était folie de croire que l'amour est toujours réciproque, elle l'avait appris à ses dépends. Maintenant, il lui fallait être patiente; peut-être qu'un jour, la blessure qu'elle portait au coeur deviendra moins douloureuse.

Après une journée de cours plutôt longue, Aleera regagna la tranquillité de ses appartements, épuisée. Elle décida qu'elle s'offrirait une petite soirée de détente. D'abord, elle se fera un bon repas après quoi, elle se prélasserait dans un bain chaud jusqu'à en être ratatinée. Elle finirait ensuite la soirée confortablement installée sur son divan à regarder des films romantiques.

Elle commença tout d'abord par faire jouer le CD de son groupe préféré et sortit quelques légumes. Tout en chantant, elle commença à éplucher quelques patates.

Après le départ prompt d’Aleera l’autre soir, Ren ne put s’empêcher de se sentir submerger par une vague d’infinie tristesse. Il avait terriblement l’impression d’avoir blessé l’une de ses bonnes amies, l’une des seules qui l’avait bien accueilli lors de son arrivé. À son avis, elle aurait mérité mieux. Mieux que lui comme ami, et cette règle s’appliquait au moins à 10 degrés d’intensité de véracité supérieur si elle avait à le considérer comme un amant. Il ne méritait pas quelqu’un d’aussi doux et affectueux qu’elle. Elle ne méritait pas d’avoir à endurer un impotent boulet comme lui dans sa vie. Il ne ferait que la rendre malheureuse et jamais il ne supporterait de voir quelqu’un qu’il aime malheureux… encore plus si la cause de ce malheur est sa propre personne. Avait-il bien agis ? Était-ce vraiment la meilleure chose qu’il aurait pu faire ? Il tentait de se convaincre que oui, sinon le mal serait beaucoup plus difficile à endurer pour lui.

Quelques jours avaient passés où il avait pris, avec le plus grand des soins et l’application la plus acharnée, la décision de faite tout en son pouvoir de ne pas avoir à croiser Aleera. Il ne sait pas comment elle réagirait. Il ne savait même pas comment lui-même pourrait réagir. C’était assez difficile à concevoir. Il n’avait aucune idée de ce qu’il devrait dire, et par précaution de ne pas la blesser, il préférerait très certainement ne rien dire. Quoi que les femmes sont compliquées. Aleera aurait peut-être pensé qu’il était fâché contre elle. Pourtant c’était loin d’être le cas ! Et elle avait au moins mille raisons, d’elle, être fâchée contre lui. Enfin, ce ne serait peut-être pas exactement justifié et justifiable si on se fiait à l’hypothèse qui dit que Ren n’avait rien fait d’autre que de divulguer la vérité…

Ca faisait déjà plusieurs jours qu’il ne l’avait pas vu, qu’ils ne s’étaient pas parlés. La solitude commençait à gruger ces temps morts et son cœur était tourmenté. Il avait oublié comment on se sentait seul, loin de la famille et des amis, quand personne n’était là pour égailler vos journées où de vous glisser un mot doux en guise de réconfort. Selon Ren, la solitude était le pire des maux que pouvait endurer les humains. Seul au monde, invisible aux yeux de tous. Comment était-il possible de croire en un avenir meilleur, en un futur rempli de bonheur lorsqu’on a pour compagnie que la peur, la tristesse, l’angoisse, les remords et l’ennui ?

Il finit par rassembler tout son courage. Oui, il avait besoin de courage. Non, pas parce qu’il avait peur d’elle. Plutôt parce qu’il se sentait fautif. Plutôt parce qu’il avait peur qu’elle ne veuille plus jamais le voir. Il s’habilla, se leva de son lit pour la première fois depuis un long moment, et décida de faire un homme de lui, d’aller voir Aleera pour savoir comment elle allait. La réconforter s’il le pouvait et si elle le voulait. Il s’approcha du dortoir de la professeure et toqua trois coup doux et parfaitement rythmés.

Concentrée sur ce qu'elle faisait, Aleera ne réalisa pas tout de suite les trois petits coups qu'elle avait entendu avaient été portés à sa porte. Ce n'est que quelques secondes plus tard qu'elle décida d'aller voir si quelqu'un se tenait devant sa porte. Tout en chantonnant, elle tourna la poignée et se retrouva devant Ren. L'air détendu qu'elle avait tomba et elle prit involontairement une expression mélancolique.

*Mais qu'est-ce qu'il vient faire ici?*

*Pour une fois, je l'ignore. Il vient peut-être pour une visite de courtoisie.*

*Après ce qu'il s'est passé? Je préférerais rester cachée sous mon lit pendant les 10 prochaines années!*

"Entre!"

Elle lui tourna le dos et retourna à ses légumes, laissant à Ren le soin de refermer la porte.

*Je ne dois pas pleurer..pas devant lui*

*Ca va aller....c'est pas ta première peine d'amour...si?*

*Non, mais c'est toujours aussi douloureux!*

"Aie!"

Aleera lâcha le couteau et la patate qu'elle épluchait. Elle était tellement tellement perdue dans ses pensées qu'elle ne porta plus attention à ce qu'elle faisait, par conséquent, elle s'était faite une belle entaille dans la paume.

Elle sembla si décu de le voir qu'il se senti tout déboussolé. Mais voyons. Il ne pensait pas... il espérait qu'elle serait compréhensive, il espérait ... il aurait voulu que jamais elle ne le repousse de la sorte, même blessée. Il retint un soupir. Ce fut le soupir qu'il eut le plus de difficulté à retenir de sa vie. Du moins, il semblait. Il pensait à leur première rencontre. Lorsque la beauté de la jeune femme lui avait fait perdre ses moyens, et qu'il avait , au beau milieu du grand escalier, renversé toutes ces possessions. Il se demandait, en ce jour précis, ce qu'Aleera avait rencentie pour lui. Comment elle l'avait trouvé. moche, bien, sympatique, gentil ? Il ne saurait dire. Lui même qu'avait-il réellement penser ? Avait-il non seulement réussi a former une idée claire nette et précise dans sa tête ? Il ne le savait pas. Il semblait que le temps venait toujours à manquer lorsqu'il sagissait de se faire une opinion. Qu'il fallait rendre un verdicte.

Il referma donc la porte derrière lui et la regarda se diriger vers le contoir où elle semblait s'afférer à couper des légumes... avec beaucoup trop d'énergie. Une seconde d'innatention et le mal était fait. La voilà, le sang faisant des rigoles dans la paume de sa main. Il accouru, inquiet, et aggripa le poignet d'Aleera sans prévenir. Ses yeux d'un gris éclatant à cette seconde même étudièrent rapidement la blessure et il attrapa un linge, l'umecta avec l'eau qui coulait du robinet et le dirigea vers la plaie.

« Ne bouge pas ... d'accord ?»

Murmura-t-il en lancant un regard terrifié à Aleera. Jamais il n'avait eu l'impression d'autant s'inquiété pour quelqu'un.

*Aie..quelle maladroite je fais!*

*C'est quoi ca?....c'est...du...SANG?*

*Voilà...ma conscience qui est hématophobe!*

*Je te rappelle que c'est TOI qui a peur du sang...*

*Je sais me contenir MOI!*

Aleera vit Ren accourir et aggripa son poignet pour constater les dégâts. Il attrappa le linge à vaisselle et l'humidifia. Mais lorsqu'il vint pour le presser contre la plaie qui saignait abondamment, elle retira sa main d'un geste farouche.

Malgré ses genoux tremblottants et la bouffée de chaleur qui l'assaillait, elle se dirigea lentement vers la salle de bain en lançant par-dessus son épaule:

"Ca va aller...ce n'est pas la première fois que je me blesse et je me suis toujours soignée...seule!"

Si elle était destinée à rester célibataire toute sa vie, mieux vaut qu'elle sache être indépendante de quiconque! Elle chercha sa trousses des premiers soins et en sortit du désinfectant et quelques bandages. Elle coinça la bouteille de désinfectant sous son bras et entreprit de l'ouvrir avec la main opposée, celle non blessée, mais à cause du sceau de sécurité pour les enfants, elle fut incapable de l'ouvrir. Prise d'un excès de rage, elle reposa durement la bouteille sur le comptoir et attrappa quelques compresse stériles qu'elle pressa en tremblant contre la plaie pour ralentir l'hémorragie. À cette instant, elle se sentit tellement impuissante. Pourquoi le malheur s'acharnait-il sur elle? N'avait-il pas quelqu'un d'autre à tourmenter?

Elle prit place sur le bord du bain, sentait qu'elle n'en avait plus pour longtemps avant de perdre connaissance. Déjà, sa bouche était pâteuse et son coeur battait de plus en plus lentement. Elle ferma les yeux et prit de grandes respirations pour se détendre.

Alee ne voulait pas que Ren la prenne en pitié. Personne ne méritait d'être pris en pitié. Et pour rien au monde, elle ne voulait obtenir son attention de cette façon.

Elle leva lentement la compresse déjà imbibée de sang et examina sa blessure avec un élan de courage. Elle n'était pas très longue mais un peu profonde et elle était coupée nette. Ren insisterait surement sur le fait qu'elle aurait besoin de points de suture mais elle était bien décidée à lui tenir tête sur ce point! Elle se soignerait seule!

Ah les femmes farouches qu'est-ce qu'elles pouvaient l'énervé ! Non mais ! Il était infirmier de profession ! C'était QUAND MÊME son métier de soigner les gens ! C'était quand même ce qu'il savait faire de mieux... enfin au niveau professionnel ! Ca le frustrait de voir ce genre de patient beaucoup trop orgueilleux pour accepter de se laisser soigner. Un prof d'anglais était-il vraiment plus apte à soigner des grands bruler, replacer des os briser ou encore faire des prises se sang ? Pas certain de ca moi ! Et puis il était certain que c'était parce qu'elle lui en voulait encore pour l'autre jour, le jour où il n'avait fait que dire la vérité, où il avait tout fait pour ne pas la blessée.

Elle l'avait repoussé et elle s'était enfuie vers la salle de bain, sans refermer complètement la porte derrière elle. Quelle occasion en or pour la poursuivre et lui prouver qu'elle avait tord ! On n'aurait pu rêver mieux. Il la talonna et ce qu'il vit dans la salle de bain l'effraya un peu. Elle semblait vraiment mal en point, sur le point de tomber dans les pommes il dirait même. Alors qu'elle vacillait dangeureusement vers l'arrière, il la rattrappa juste avant qu'elle ne se fracasse l'arrière du crâne sur le bord opposé du bain. Elle avait beau lui en vouloir, il ne la laisserait pas se blesser indéfiniment juste parce que MADAME était trop orgueilleuse ! Tsss. C'était décidé, il l'emmenait à l'infirmerie ! Elle avait besoin de soins! De plus, perdre beaucoup de sang lorsqu'on est enceinte n'est généralement pas la meilleure des idées.

Aleera ne semblait pas totalement consciente, ni totalement inconsciente. Elle semblait vasciller entre le sommeil et l'éveil. Il était possible qu'elle proteste au fait que Ren était entrain de la prendre dans ses bras à la facon mariée, pour se diriger vers l'infirmerie... Mais il était prêt à toutes éventualités.

Rah! quelle poisse d'être à ce point affectée par du sang... Non mais! Il y avait de quoi devenir hystérique! Elle perdu du sang...SON sang.
Lorsqu'elle vit qu'elle n'était pas capable de faire cesser l'hémorragie, elle fut prise d'un élan de panique. Les dix secondes qui s'étaient écoulées lui avaient parues comme les heures.

Elle sentit sa tête devenir tout à coup lourde. Elle perdit l'équillibre et bascula en arrière mais quelque chose arrêta sa chute... ou plutôt quelqu'un.

Quelque peu dans les vapes, elle se sentit soulevée. Elle aurait voulu protester mais ses muscles ne voulaient pas lui obéir.

*Non mais..je sais me soigner toute seule, comme une grande. J'ai pas besoin que quelqu'un vienne à mon secours*

*Je te rappelle que tu n'es pas en état de te soigner...*

"Je vais très bien!"marmonna-t-elle faiblement.

*Pourquoi faut-il qu'il s'acharne? Sa simple présence me fend le coeur*

*Il s'inquiète...c'est normal*

*Il ne devrait pas...Ce n'est qu'une égratignure.*

*Ah ouais? tu perds drolement beaucoup de sang pour une simple égratignure! Je te parie qu'il voudra te faire une tranfusion!*

*Je veux juste rester seule à m'apitoyer sur mon triste sors.*

Comme pour témoigner des sentiments qui lui tordaient l'estomac, une larme perla du coin de son oeil pour aller se perdre dans ses cheveux. Elle n'était plus maître de son corps, plus maître de la situation, plus maître de sa vie... autant assumer et se laisser faire pour une fois!

Elle battit des paupières et remarqua qu'ils étaient déjà rendu à l'infirmerie.
Ren la déposa doucement sur l'un des lits et disparut de son champ de vision. Aleera posa les yeux sur sa main blessée; les pansements étaient imbibés de sang. L'effect de l'adrénaline dissipé, elle ressentait une cuisante douleur dans la paume, douleur qui , cependant, ne surpassait pas celle de son coeur.

De sa main valide, elle essuya les larmes qui glissaient lentement sur sa peau. S'il fallait que Ren la voit dans cet état, il penserait surement qu'elle pleure à cause de la douleur....et il n'aurait pas totalement tord. Seulement, ce n'était pas sa main qui la faisait souffrir....

(dramatique à souhait)

suite infirmerie-> Topic pour la grande blessée